Le Catholicisme Romain au Congo

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Par Lisa Zengarini

L’Église de la République démocratique du Congo (RDC) est l’une des plus anciennes Églises de la région subsaharienne, remontant à 1491. Cette année-là, le roi du Kongo, Nzinga-a-Nkuwu (le roi Jean Ier), et sa famille furent convertis et baptisés par des missionnaires portugais. Son fils, Nzinga Mbemba (le roi Alphonse Ier), lui succéda sur le trône en 1506, s’efforçant de convertir le Kongo au catholicisme. En 1596, le diocèse de Sāo Salvador (aujourd’hui Mbanza Kongo) fut érigé. Cependant, le christianisme ne s’implanta dans la société congolaise que trois siècles plus tard.

L’Église Congolaise sous domination Belge

Le Catholicisme Romain s’est solidement établi sous la domination coloniale belge, initiée par le roi Léopold II de Belgique (1885-1960). Cette période a vu l’arrivée des premiers missionnaires de Scheut (aussi appelés Pères Blancs) et des religieuses, précédés par les Pères Spiritains.

Les dirigeants belges ont autorisé et activement soutenu la création d’écoles et d’hôpitaux catholiques. En 1954, la première université du Congo, l’Université jésuite «Lovanium», a été inaugurée à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa).

1956 a vu la consécration du premier évêque congolais, Mgr Pierre Kimbondo, suivie en 1959 par la nomination du premier archevêque natif de Léopoldville, Mgr Joseph Malula, qui est devenu le premier cardinal du pays.

En 1930, le pape Pie XI établit une Délégation apostolique au Congo belge, qui fut élevée au rang de Nonciature en 1963, après l’indépendance du Congo.

L’Église Congolaise sous domination Belge

Les bonnes relations entre l’État et l’Église ont commencé à se détériorer sous le long règne du dictateur Mobutu Sese Seko, qui a notamment imposé la nationalisation des écoles et universités catholiques.

Ces politiques ont engendré des tensions avec l’épiscopat congolais, fervent critique du régime autoritaire et corrompu de Mobutu.

Les tensions et les intimidations à l’encontre de l’Église ont perduré même après que Mobutu a été contraint de renoncer à la nationalisation des écoles et après les deux voyages apostoliques du pape Jean-Paul II dans ce pays africain au début des années 1980. Le défunt pontife s’est rendu au Zaïre en 1980, pour le centenaire de l’évangélisation, et en 1985, à l’occasion de la béatification de sœur Anuarite Nengapeta, la « sainte Agnès du continent africain ».

Les évêques congolais ont continué de critiquer la corruption, la violence et les abus persistants infligés au peuple congolais après la mort de Mobutu et sa succession par le président Laurent-Désiré Kabila dans les années 1990, même au péril de leur vie. C’est ce qui est arrivé à l’archevêque de Bukavu, Mgr Christophe Munzihirwa, assassiné le 29 octobre 1996 par des milices rwandaises alliées à Kabila, pour avoir dénoncé les injustices et les projets de guerre dans la région des Grands Lacs.

Une Église Vitale

Malgré l’instabilité politique persistante dans le pays, l’Église Catholique congolaise demeure l’une des Églises les plus dynamiques d’Afrique. En témoignent le nombre toujours croissant de catholiques, qui représentent environ 33 % de la population (dont 90% sont chrétiens); la forte fréquentation des églises, même chez les jeunes; le développement des vocations; le militantisme laïc catholique et sa forte présence dans la société et les médias.

La RDC compte 4 602 prêtres diocésains exerçant leur ministère dans près de 1 500 paroisses et 48 diocèses. De nombreux prêtres congolais Fidei Donum œuvrent également en Afrique, en Europe et en Amérique.

Ils sont assistés par 11 000 religieux et religieuses congolais engagés dans divers domaines de la pastorale, et dont les supérieurs majeurs sont regroupés au sein de deux organismes: l’ASUMA (Association des Supérieurs Majeurs) et l’USUMA (Union des Supérieurs Majeurs).

L’activisme laïc est une caractéristique importante de l’Église congolaise. Plusieurs associations et mouvements laïcs sont regroupés au sein du Conseil de l’Apostolat Catholique des Laïcs (CALCC), et de nombreux catéchistes et laïcs, hommes et femmes, témoignent de leur foi dans les domaines politique, économique et culturel.

Les laïcs de la RDC contribuent donc significativement à la vitalité de l’Église locale, qui est également activement engagée dans le domaine de la communication, avec plus de 30 stations de radio, plusieurs chaînes de télévision diocésaines, des journaux et des publications.

Par ailleurs, l’Église congolaise est un acteur social de premier plan et constitue, de fait, le premier partenaire de l’État dans les domaines de l’éducation et de la santé, compensant le manque de services publics grâce à son réseau d’hôpitaux, de centres sociaux et d’écoles réputées, qui ont formé de nombreux leaders congolais.

D’autre part, l’Église congolaise est également confrontée à plusieurs défis. Les croyances et pratiques superstitieuses, la sorcellerie et la magie sont encore répandues, même au sein des communautés catholiques. De plus, des sectes indépendantes se propagent dans le pays. Un autre défi important est d’empêcher les jeunes de s’impliquer dans la violence des gangs et dans les nombreuses milices qui combattent dans les zones de conflit, notamment dans la partie orientale du pays.

Faire face aux conflits et aux luttes politiques en cours

Au cours des trente dernières années, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) a suivi de près la situation sociopolitique locale. Elle a adressé plusieurs messages et déclarations lors de moments critiques, dénonçant le fléau généralisé de la corruption, de la mauvaise gouvernance et des abus des autorités.

La CENCO a également promu des initiatives concrètes pour sensibiliser les citoyens congolais aux valeurs de paix et de démocratie, et encourager les fidèles laïcs à participer activement à la vie politique nationale.

L’Église Catholique a participé à l’organisation des élections nationales avec ses propres observateurs et a réitéré avec insistance la nécessité de garantir l’indépendance effective de la Commission électorale nationale (CENI) afin de prévenir les conflits qui ont suivi ponctuellement chaque tour de scrutin.

Forte de sa réputation et de sa crédibilité, la CENCO a également été invitée à plusieurs reprises à jouer un rôle de médiateur dans les conflits qui ont suivi la chute du régime de Mobutu. Au cours des dernières années, les évêques congolais ont réitéré leurs appels à la paix dans les provinces de l’Est, déplorant la présence de forces étrangères qui continuent de déstabiliser la région par la violence et d’exploiter illégalement leurs extraordinaires richesses minérales, notamment le coltan, un composant clé des appareils électroniques.

La proximité du Pape François avec le peuple Congolais

Le Pape François, dont le Voyage Apostolique au Congo, prévu en Juillet 2022, incluait initialement une étape dans la province Orientale du Nord-Kivu, déchirée par la guerre, a exprimé à plusieurs reprises sa proximité avec le peuple Congolais, confronté à la violence et au conflit persistants.

Lors de la veillée de prière spéciale pour la paix au Congo et au Soudan du Sud qu’il a présidée en la basilique Saint-Pierre le 23 Novembre 2017, le Pape a de nouveau appelé à des efforts adéquats pour la paix dans les deux pays, par le dialogue et la négociation.

Le 4 Février 2018, suite au premier report de son voyage œcuménique au Soudan du Sud aux côtés du primat anglican et archevêque de Canterbury, Justin Welby, il a invité les chrétiens du monde entier à se joindre à une Journée de Prière pour la paix dans les deux pays le 23 Février.

Dans un message vidéo diffusé le 2 Juillet 2022, après le deuxième report de son Voyage Apostolique en Afrique, le pape François a réaffirmé son affection pour les peuples de la RDC et du Soudan du Sud: «Je porte en moi, dans la prière, la douleur que vous avez trop longtemps endurée», a-t-il déclaré, exhortant les Congolais et les Soudanais du Sud à ne pas se laisser «voler l’espoir».

Merci d’avoir lu notre article.

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